Accréditation: les hôpitaux flamands et francophones ne suivent pas la même voie

December 1, 2021 time to read 3 min read

Les hôpitaux flamands ont la volonté d’adhérer à terme à un système propre d’accréditation  “pour éviter une fragmentation des systèmes de qualité flamands “. Qu’en est-il du côté francophone?

Dans les hôpitaux, l’accréditation est un processus continu d’évaluation de la qualité et de la sécurité des soins sur la base de recommandations internationales et des bonnes pratiques (Evidence-Based Medicine). Cette évaluation est réalisée par un organisme indépendant et reconnu internationalement. La société ISQua (International Society for Quality in Health Care) est une organisation mondiale qui rassemble des organismes d’accréditation dans le domaine des soins de santé: la Joint Commission International (JCI), le Nederlands Instituut voor Accreditatie in de Zorg (NIAZ) et Accréditation Canada (ACI).   “En Belgique, les francophones choisissent plus souvent l’ACI pour des questions de facilité d’implémentation des procédures en français” , explique le Dr Stéphane De Maeght, Directeur Médical Adjoint du Grand Hôpital de Charleroi, qui a lui-même travaillé au Canada.

Du côté flamand, pendant longtemps, le contrôle de la qualité a semblé faire l’objet d’un duopole: le JCI américain et NIAZ, devenu entre-temps Qualicor Europe. Auparavant, il existait un système dit de contrôle par le gouvernement flamand. Toutefois, depuis que la Flandre a pris le contrôle de la qualité des hôpitaux avec la 6e réforme de l’État, le gouvernement fait pression pour une accréditation flamande. À titre d’exemple, la directrice générale de GZA Ziekenhuizen, Willeke Dijkhoffz, a mis fin à la mission de JCI à la fin de 2019.  “GZA Ziekenhuizen souhaite évoluer vers une simplification administrative au sein de son propre système de qualité sous la supervision du gouvernement flamand. En l’état actuel des choses, nous évoluons vers deux modèles et, à terme, peut-être vers une norme. Un modèle a été mis en place par l’UZ Gent et conserve une place, certes modeste, pour Qualicor Europe.” 

L’autre modèle a été développé par le Leuvens Instituut voor gezondheidszorgbeleid (l’Institut pour la politique des soins de santé de Louvain). Ce modèle s’appelle le FlaQuM (Flanders Quality Model). D’autres hôpitaux ont également manifesté leur intérêt, et l’un des initiateurs, le professeur Dirk De Ridder, espère que tous les hôpitaux flamands adhéreront à terme au système   “pour éviter une fragmentation des systèmes de qualité flamands“. Le FlaQuM doit devenir un système d’auto-apprentissage, flexible et moins cher.

 Le Dr Stéphane De Maeght reconnaît que les francophones ne prennent pas la même route: “Il n’y a pas de réflexion en ce sens du côté francophone. Nous y avions pensé en 2015-2016. Nous pensions mettre les efforts en commun et faire une agence Wallonie-Bruxelles. Nous ne l’avons pas fait: d’une part, parce que de gros acteurs comme les Cliniques universitaires Saint-Luc avaient déjà signé des contrats avec des agences internationales, et d’autre part, parce que nous aurions eu le problème d’avoir des hôpitaux qui s’auditent les uns les autres. La Belgique est un petit pays et les hôpitaux sont trop proches pour que le travail soit complètement indépendant. Nous ne sommes pas en France ou aux États-Unis… D’ailleurs, à ce niveau, cela pourra représenter un challenge du côté du projet néerlandophone. “

 Il reconnaît que, financièrement, cela aurait du sens:  “Les contrats avec ces agences sont conséquents. En mettant cet argent en commun, nous aurions pu créer une équipe d’auditeurs qualifiés de très haute qualité.” Mais un tel projet n’a plus trop sa place maintenant. D’autre part,   “avec l’avènement des réseaux et l’harmonisation des procédures attendues, la taille des entités à l’avenir pourrait encore être plus restreinte, même si, pour l’instant évidemment, l’accréditation est toujours basée sur les agréments individuels des hôpitaux. Par ailleurs, certains hôpitaux, après 2 ou 3 cycles d’accréditation, laissent entendre qu’ils pourraient interrompre le processus. Les référentiels internationaux deviennent, en effet, parfois fort complexes pour certains” .

Ce numéro a été réalisé grâce au support de MSD.
Son contenu reflète l’opinion des auteurs mais pas nécessairement celle de MSD.

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