Prévention cancer: quelle utilité d’une communication dans l’hôpital?
Chaque année, de nombreuses campagnes de prévention contre le cancer sont menées par la Fondation contre le Cancer, mais aussi par les différents services de communication des hôpitaux. Ont-elles du succès auprès du patient? Sont-elles utiles en interne? Petit tour d’horizon des hôpitaux.
Pour le Dr Laurence Gordower, responsable de la clinique de Prévention et Dépistage des cancers du Chirec, ces actions de sensibilisation restent très importantes: «Depuis 4 ans et demi que nous sommes ouverts sur le site de Delta, et un peu moins sur le site de Braine-l’Alleud, nous constatons qu’à chaque fois qu’il y a des actions de sensibilisation dans l’hôpital ou à l’extérieur, des patients prennent rendez- vous. Certaines actions ont souvent un impact dès le jour-même ou le lendemain, mais aussi dans les semaines qui suivent. Si, en plus, l’action est relayée par les médias, nous voyons une amplification des prises de rendez-vous.»
Les spécialistes et le service de communication du Chirec sont très attentifs aux différentes journées nationales ou mondiales (Journée Mondiale contre le Cancer, le cancer du sein, le cancer du côlon, le cancer de la peau, Journée sans tabac…). «Nous travaillons aussi à différents niveaux: des actions ‘grand public’ sur les différents sites du Chirec, des actions sur les réseaux sociaux, notre Newsletter Chirec Pro pour les médecins généralistes et les médecins en interne où l’on fait régulièrement des sujets sur le dépistage et la prévention… et aussi des évènements ‘grand public’ comme le Relais pour la vie.»
Évidemment, la pandémie de Covid-19 a eu un impact important sur la prévention, et notamment sur le dépistage des cancers: «Nous continuons à taper sur le clou parce que les démarches globales de dépistage et de prévention ne sont pas encore suffisamment ancrées dans les mœurs de la population, et d’autant plus depuis la pandémie, pendant laquelle de nombreux cas de cancer n’ont pas fait l’objet d’un dépistage dans les temps.»
La dynamique des médecins
Ce constat est le même pour le Groupe Jolimont, comme l’explique sa responsable de communication Sophie de Norre: «Nous avons plus de patients qui prennent rendez-vous quand nous communiquons sur ces aspects sur les réseaux sociaux. Cela fait partie de notre travail de prévention et de sensibilisation, que cela soit pour le cancer du sein ou pour d’autres types de cancers…»
Au CHU de Charleroi, le directeur de la Communication Frédéric Dubois travaille aussi en collaboration avec les médecins: «Récemment, au niveau de la clinique du sein, nous avons mené une grande campagne de communication, et les médecins étaient les premiers à nous solliciter. Par contre, pour la campagne Movember et le cancer de la prostate, nous n’avions pas vraiment de demandes internes, et nous n’avons pas lancé de grandes campagnes de sensibilisation.» Sur le terrain, il voit l’impact: «Nous avons eu un excellent retour de patients pour le cancer du sein, avec notamment des défilés de lingerie dans le Hall de l’hôpital Marie Curie. Les patients de la clinique, mais aussi d’autres patients qui sont venus poser des questions.»
Repenser les actions
Au CHU de Liège, la directrice de communication Delphine Gilman réfléchit actuellement à une évolution de cette communication justement: «Aujourd’hui, nous embrayons sur l’initiative des médecins, comme nous l’avons fait récemment avec Movember. Pour être efficace, un stand sur une campagne de prévention doit être pluridisciplinaire aujourd’hui.»
Elle le constate: «Les patients sont moins captifs qu’avant. Chez nous l’ICAB, le nouvel institut de cancérologie Arsène Burny, sera un atout pour les prochaines campagnes de prévention. Il apportera un autre atout qu’un stand, qui ne suffit pas pour modifier un comportement de santé chez les patients. Évidemment, nous n’oublions pas que cela fait partie de notre responsabilité sociétale.»
Même réflexion chez Antoine Gruselin, à l’hôpital de la Citadelle, à Liège: «Nous voudrions réinventer ces campagnes d’information et ne plus les réaliser avec un stand et des flyers. Nous y travaillons pour l’année prochaine. Quand nous faisons cela dans le hall d’entrée, il y a évidemment des personnes qui s’arrêtent, mais on ne touche pas assez les personnes de l’extérieur de l’hôpital. C’est cela que nous voulons changer.»
Au HUB à Bruxelles, Alexandra Cazan, responsable communication de l’Institut Jules Bordet, tient aussi compte des réalités de l’hôpital: «Nous suivons les journées mondiales évidemment, mais nous menons des campagnes de sensibilisation aussi à d’autres moments en concertation avec les médecins de l’hôpital. Parfois aussi parce que nous avons quelque chose de nouveau à communiquer sur un traitement ou un appareil mieux adapté. On discute avec les chefs de service pour choisir le meilleur angle à prendre.»
Ce numéro a été réalisé grâce au support de MSD. Son contenu reflète l’opinion des auteurs mais pas nécessairement celle de MSD.