Ce qui attend les hôpitaux en 2023

January 16, 2023 time to read 4 min read

Après la pandémie et la guerre en Ukraine, les chocs s’additionnent pour le secteur des soins de santé. Leurs impacts sur les médecins et les hôpitaux se poursuivront en 2023.

Les finances

Pour Paul d’Otreppe, vice-président de l’Association Belge des Directeurs d’Hôpitaux, tant les médecins que les hôpitaux seront encore impactés en 2023. «Le défi va être de retrouver un nouvel équilibre: le Covid et la crise en Ukraine ont déstabilisé le modèle qui existait. Aujourd’hui, les indexations notamment ont amené des coûts indirects… La réalité dans les hôpitaux, c’est que le bilan économique s’effrite d’année en année.»

Cette hausse des coûts, le CEO de Santhéa, Yves Smeets, ne les voit pas non plus s’arrêter tout de suite: «L’inflation a fait flamber tous les coûts: personnel, énergie, la buanderie, la construction, l’alimentation… En plus, les factures vont être plus lourdes en 2023. En effet, il ne faut pas oublier que certains contrats d’énergie vont seulement arriver à échéance et que les factures vont s’alourdir pour de nombreuses institutions.

Le personnel

Outre la question financière, le manque de personnel, la fermeture de certains services par manque de bras qui amène une perte de revenus pour les médecins et les hôpitaux, sera au centre de toutes les attentions. Le Dr Gilbert Bejjani, vice-président de l’Absym, Association belge des syndicats médicaux, rappelle de son côté que «le problème de manque de ressources humaines est toujours une priorité à résoudre en 2023. Il faut des solutions à long terme pour permettre aux médecins et aux infirmières de travailler dans les meilleures conditions pour le patient et pour eux-mêmes. Il y a aujourd’hui une dilution énorme des moyens et des ressources, avec tout le monde qui fait tout et partout!»

Paul d’Otreppe ajoute qu’il faut être très attentifs à «la question du manque de personnel mais aussi à la fatigue et à la douleur des soignants. Tant les infirmiers que les médecins souffrent d’un mal-être. Leur stress n’est pas lié qu’au Covid et en plus ce stress post-traumatique dure longtemps…». Toutefois, il ne suffit pas de mettre de l’argent sur la table pour améliorer le bien-être de ses soignants, comme l’explique Stéphane Lefebvre, directeur général CHR Verviers East: «Outre l’impact du Covid, nous devons aussi faire face à la grande démission qui touche l’ensemble des hôpitaux. Évidemment, pour pouvoir assurer le bien-être de notre personnel, nous devons pouvoir avoir des staffs au complet. Le manque de personnel pèse sur le bien-être. On tire sur la corde par manque d’effectifs.»

Sur Bruxelles, Dieter Goemaere, Directeur «Hôpitaux Généraux» de GIBBIS, demande que l’on tienne compte du fait que «les exigences en termes de bilinguisme ou les questions de mobilité compliquent encore le recrutement. Le financement de mesures telles que l’augmentation des frais de déplacement pourrait contribuer à renforcer l’attractivité de la profession, même si d’autres aspects doivent aussi être envisagés.»

La loi qualité

Pour le Dr Manfredi Ventura, directeur médical du GHdC (Grand Hôpital de Charleroi) et président de l’AFMC (Association Francophone des Médecins Chefs), il y a encore toutefois beaucoup de travail à ce niveau en 2023: «Nous n’avons toujours pas de nouvelles pour le portfolio. Nous attendons aussi des avancées pour les commissions qui remplacent les commissions médicales provinciales. C’est un problème quand nous devons mettre à l’écart un médecin (entre-temps, la commission de contrôle de la loi qualité a été installée, ndlr). Avec l’association des médecins-chefs nous sommes prêts à participer à ce genre de commission et à être consultés pour la mise en œuvre des portfolios des médecins spécialistes.» Enfin, il ajoute «attendre évidemment des avancées définitives pour les statuts des médecins chefs».

Cybersecurité

Les réseaux cherchent à trouver la meilleure parade pour leur sécurité informatique, comme le reconnaît M. Lefebvre: «Nous sommes confrontés à toute une série d’exigences qui ont un coût, comme les coûts de cybersécurité, la cotisation de responsabilisation, les pensions, les investissements pour rester aux normes… Un moment donné, on nous demande des choses impossibles. Nous sommes évidemment obligés d’investir dans la cybersécurité. Nous devons penser à plus mutualiser les ressources et multiplier les partenariats.» À ce niveau, le fédéral a dégagé 75 millions pour la cybersécurité.

Les MACS

La question des médecins en formation restera pleinement d’actualité en 2023, avec sans doute l’arrivée du système de comptage du temps de travail fourni par l’administration et un autre fourni par la Délégation des médecins en formation. L’avenir nous dira lequel sera retenu. Par ailleurs, après que les Médecins Assistants Candidats Spécialiste (MACS) aient reçu 5 millions pour l’évolution de leur statut social en 2022, ils entendent poursuivre leurs différents combats. «À moyen et long terme, nous allons continuer le travail sur le contrôle qualité de notre formation, le découplage du statut employeur- formateur grâce à une structure de rémunération des MACS indépendante ainsi que la réforme de notre statut social (i.e. le chômage et la pension).»

Télémédecine

Depuis le 1er août 2022, les consultations de télémédecine sont inscrites dans la nomenclature. Les codes actuels, prévus au début de la crise du Covid, pour le triage et le conseil dans le cadre de la continuité des soins, seront remplacés (pour l’instant) par de nouveaux codes de nomenclature pour les consultations par vidéo ou par téléphone, mais de manière temporaire: une réglementation définitive est en cours d’élaboration par le groupe de réflexion de l’Inami dirigé par Ann Van den Bruel et Jean-Luc Belche. Ces travaux devraient être terminés à la fin du mois de mars 2023.

Ce numéro a été réalisé grâce au support de MSD. Son contenu reflète l’opinion des auteurs mais pas nécessairement celle de MSD.