Dossier pénurie de soignants: Vers des solutions à long terme
Les autorités et les partenaires sociaux doivent tout mettre en œuvre pour recruter suffisamment de personnel de santé. Une solution dans ce sens nécessite une approche fondamentale sur plusieurs fronts. L’une des propositions qui revient le plus envisage une plus grande flexibilité.
Hans Maertens et Johan Staes, respectivement administrateur délégué du réseau d’employeurs Voka et du réseau de soins Vlozo, pensent en premier lieu à plus de flexibilité, à de nouvelles formes de travail et à une nouvelle organisation du travail dans les soins. Et surtout, des normes plus souples pour le personnel dans le secteur des soins. Le concept d’emplois flexibles dans le secteur des soins mérite d’être pris en considération, estiment-ils. “Et donc surtout, des normes plus souples que celles actuellement appliquées pour le personnel dans le secteur des soins. En théorie, ces normes détaillées – qui font obstacle à une politique de RH flexible et moderne – sont là pour garantir la qualité des soins. En réalité, elles garantissent surtout une employabilité limitée du personnel de soins et une concurrence inutile entre les employeurs pour un nombre toujours plus réduit de personnel disponible possédant les bonnes qualifications. Un nombre croissant de personnes ayant besoin de soins en sont victimes.”
La question de la qualité
Dans leur argumentaire, ils vont même plus loin: ” la qualité des soins ne sera pas seulement maintenue avec plus de flexibilité, elle augmentera. Les tâches de soins les plus simples ne nécessitent pas de connaissances ou de qualifications spécifiques, et le personnel administratif et technique existant ou les aidants proches peuvent les accomplir” , estiment-ils. Un avantage supplémentaire est que les aidants peuvent alors se consacrer plus longtemps aux soins plus complexes et au soutien des personnes qui ont besoin de soins.
Filip Haegdorens, infirmier urgentiste enseignant à Anvers, fait entendre un son de cloche très différent sur les médias sociaux. Il ne voit pas l’intérêt de faire appel à d’autres personnes qui ne sont pas infirmiers ou infirmières pour résoudre cette pénurie. ” Dans ce cas, que le gouvernement flamand n’engage plus d’ingénieurs en bâtiment pour rénover nos ponts. On pourrait confier cette tâche à des personnes non qualifiées qui reçoivent une formation sur le tas , n’est-ce pas ? Ils pourraient alors faire autant que ces ingénieurs coûteux et hautement qualifiés. D’ailleurs, n’importe qui peut vérifier s’il y a des fissures sur un pont, non?”
Il poursuit: “Ne tombons pas dans ce piège et veillons à un mélange équilibré de compétences sur le terrain avec des professionnels de la santé, des professionnels de la santé formés dans l’enseignement professionnel supérieur, du personnel infirmier de niveau baccalauréat, du personnel infirmier spécialisé et du personnel infirmier praticien.”
Mais la nécessité fait loi. C’est pourquoi les médecins spécialistes en formation et les étudiants en soins infirmiers seront à nouveau mis à contribution, au détriment de la qualité de leur formation, affirme le Groupement des unions professionnelles belges de médecins spécialistes (GBS). “En raison de leur dévouement, les soignants qui accumulent les heures supplémentaires et ne prennent pas de vacances risquent de s’épuiser. Nous exigeons de la flexibilité dans l’organisation des soins.”
Enfin, la crise peut avoir un effet positif à plus long terme après tout, car l’attention portée sur les soins de santé n’a jamais autant incité les jeunes à choisir de faire des études dans les soins de santé. Les chiffres récents (en Flandre) le montrent: l’augmentation globale est de 2,7 %, ce qui correspond à 20 234 étudiants en formation. En ce qui concerne spécifiquement les soins infirmiers, qui constituent également la profession la plus problématique, on constate une augmentation globale de 2,4 %, soit un total de 15 297 étudiants.
Ce numéro a été réalisé grâce au support de MSD.
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