Les réseaux hospitaliers : un des nouveaux défis de la pharmacie hospitalière

14 juin 2021 time to read 3 min read
Female and male doctors in a filing cabin reading.

Alors que le secteur des pharmacies hospitalières est à la pointe de la technologie dans de nombreux hôpitaux, il est toujours sous le coup d’une loi datant du… 31 mai 1885. Une situation absurde en fonction des nouveaux défis qui attendent les pharmaciens avec l’arrivée des réseaux hospitaliers.

L’association belge des pharmaciens hospitaliers (ABPH-BVZA) se bat depuis 10 ans pour modifier cette loi. Des discussions sont en cours notamment avec la ministre de la santé Maggie de Block mais l’absence d’un gouvernement fédéral de plein exercice empêche les discussions d’aboutir. Cette situation bloque leur travail sur le terrain surtout avec la réforme des réseaux hospitaliers en cours comme l’explique Dominique Wouters, la présidente de l’association belge des pharmaciens hospitaliers (ABPH-BVZA): «Aujourd’hui, par exemple, on ne peut acheter que pour sa pharmacie hospitalière ce qui rend difficile la collaboration au sein des réseaux hospitaliers. Avec l’agence du médicament (AFMPS), l’ABPH-BVZA a travaillé depuis longtemps pour proposer des modifications de l’arrêté royal.» En attendant, les hôpitaux s’adaptent : « Il manque la structure légale qui a été prévue pour les directions générales et médicales mais pas encore pour les directions des pharmacies !» 

CHU de Charleroi et Vivalia ensemble 

Stéphanie Pierard, responsable de la pharmacie hospitalière du CHU de Charleroi, s’adapte aussi en attendant le changement de la loi: «Nous faisons des marchés publics avec les institutions hospitalières de Vivalia pour faire des économies d’échelles et gagner en efficacité. Une évolution serait vraiment utile mais on ne doit évidemment pas perdre en qualité.» 

De leur côté, les pharmaciens Manon Kokou, directrice de la pharmacie hospitalière du CHU de Liège et Didier Maesen, utilisent les hôpitaux du réseau dans lequel le CHU fait partie pour des  marchés publics publiés par le CHU de Liège. « Pour le bien du patient, je pense que dans l’avenir cette disposition légale devrait évoluer afin de permettre de travailler en toute légalité même dans les situations urgentes.»

Unique en Belgique

Au fil du temps, les fusions avec différentes institutions hospitalières du bassin Liégeois ont permis une centralisation de la gestion des médicaments sur un seul site. «Les sites des Bruyères et d’Esneux sont maintenant desservis par la pharmacie du site du Sart-Tilman. 

Je pense que cette centralisation surtout pour le site des Bruyères est unique en Belgique.»

Dans les Hôpitaux Iris Sud, Olivier Jullion, pharmacien hospitalier, mène lui aussi un travail transversal: «On a deux pharmacies pour quatre sites. C’est une particularité d’Iris sud. Il y a les transports entre les sites, la coordination avec tous les services. On doit interagir avec l’informatique, la logistique au quotidien.»

Un constat que fait aussi Stéphanie Pierard, les interactions augmentent sans cesse avec les médecins, le lien domicile-hôpital mais aussi la logistique…»

Faire 100 km pour un médicament

Alors qu’elle était exclusivement destinée à l’interne, la pharmacie hospitalière évolue comme l’explique Didier Maesen du CHU de Liège: «Avant, à de rares exceptions, on ne pouvait pas délivrer de médicaments aux patients externes. Aujourd’hui, on doit intégrer ce flux de patients à notre quotidien en plus du reste. Ce n’est ni bien pour la pharmacie hospitalière ni pour la population. Certains patients doivent parfois faire 100 km pour atteindre une pharmacie hospitalière et ce pour recevoir les médications destinées à soigner des pathologies lourdes, cancéreuses ou non.»

Le pharmacien clinique: une place grandissante

A l’avenir, pour lui, il serait souhaitable que la pharmacie clinique prenne une place grandissante: «Je pense que la complexité du monde des médicaments est telle aujourd’hui qu’il est impossible de concevoir qu’un médecin maitrise l’ensemble des spécialités pharmaceutiques disponibles. L’analyse faite par le pharmacien clinicien va donc prendre de plus en plus d’importance pour une prise en charge médicamenteuse optimale des patients. Les médecins sont de plus en plus demandeur de cette évolution.»

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