« L’accréditation améliore la qualité des soins au sein de l’hôpital »

Le fait d’intégrer l’accréditation dans le set d’indicateurs P4P (Pay for Performance) récompense les hôpitaux qui ont déjà obtenu un certificat pour les efforts qu’ils ont consentis. Ils sont de plus en plus nombreux à faire la démarche, comme l’explique le Dr Stéphane De Maeght, Directeur médical adjoint du GHDC à Charleroi.
Dans les hôpitaux, l’accréditation est un processus continu d’évaluation de la qualité et de la sécurité des soins sur la base de recommandations internationales et des bonnes pratiques (Evidence-Based Medicine). Cette évaluation est réalisée par un organisme indépendant et reconnu internationalement. « La société ISQua (International Society for Quality in Health Care) est une organisation mondiale qui rassemble des organismes d’accréditation dans le domaine des soins de santé: la Joint Commission International (JCI), le Nederlands Instituut voor Accreditatie in de Zorg (NIAZ) et Accreditation Canada International (ACI), sont les 3 organismes d’accréditation auxquels font appel la plupart des hôpitaux en Belgique. Certains hôpitaux francophones font appel à la Haute Autorité de Santé (HAS), qui est également un organisme accrédité par l’ISQua », explique le Dr Stéphane De Maeght, Directeur médical adjoint du GHDC à Charleroi, qui a lui-même travaillé au Canada. « En Belgique, les francophones choisissent plus souvent l’ACI pour des questions de facilité d’implémentation des procédures en français. »
Les néerlandophones en avance
Aujourd’hui, les hôpitaux accrédités sont beaucoup plus nombreux en Flandre: « Ils ont commencé cette démarche bien avant. Il y a 10 ans, en Wallonie, il était rare qu’une institution se fasse accréditer. Depuis, comme le gouvernement fédéral a promu financièrement la démarche d’accréditation, les hôpitaux francophones s’y mettent. Pour rappel, Maggie De Block a instauré le P4P (programme Pay for Performance). Le fait d’intégrer l’accréditation dans le set d’indicateurs P4P récompense les hôpitaux qui ont déjà obtenu un certificat pour les efforts qu’ils ont consentis. Les hôpitaux qui se trouvent encore dans un trajet de préparation sont quant à eux stimulés. Cela explique la volonté des hôpitaux francophones de se faire de plus en plus certifier depuis quelques années. »
Les hôpitaux reçoivent au bout du processus le label pour un nombre limité d’années, et il leur appartient de souhaiter ou non une (nouvelle) accréditation. Le Dr Stéphane De Maeght travaille lui-même au sein d’un hôpital, le GHDC (Grand hôpital de Charleroi), qui a choisi Accreditation Canada International (ACI). « Pendant 3 ans, toutes les procédures qualité seront revues, d’autres seront créées ou modifiées, et cela dans un seul but: être en mesure d’appliquer les normes de qualité/sécurité les plus élevées, au bénéfice du patient, et de pouvoir le démontrer par l’obtention du niveau platine en septembre 2023. »
En Belgique, une cinquantaine d’hôpitaux belges ont choisi ACI ou son homologue néerlandophone NIAZ: « Lors de leur visite d’accréditation, les auditeurs d’ACI récoltent de nombreuses informations sur l’hôpital et sur les pratiques autour des dimensions suivantes: accessibilité, services et soins axés sur le patient, continuité des services et prévention des risques, efficacité, dimension sociale, qualité des soins, sécurité, qualité de vie professionnelle… Ce type d’accréditation permet notamment d’améliorer l’organisation en clarifiant les rôles de chacun, d’intégrer le patient comme un véritable partenaire, de cultiver l’image de marque de l’hôpital et son attrait… »
Deux cycles d’accréditation
À titre d’exemple, Accreditation Canada International a déjà accrédité plus de 7.000 institutions de santé réparties sur les 5 continents selon 3 niveaux d’accréditation: Or, Platine et Diamant. L’Or consacre la mise en place des structures et des procédés de base liés aux éléments fondamentaux de la sécurité et de l’amélioration de la qualité. Le niveau Platine exige le parfait respect du niveau Or et certifie en plus une cohérence dans la prestation de services grâce à des processus normalisés et en impliquant les patients et le personnel dans la prise de décision. Enfin, le niveau Diamant se concentre sur la gestion de la qualité au moyen de mesures, de preuves et de comparaisons entre organisations homologues. »Actuellement, les institutions le cherchent moins. »
Après avoir reçu une accréditation, l’hôpital doit évidemment poursuivre ses efforts de qualité: « Pour aboutir à une démarche de qualité, il convient d’enchaîner deux cycles d’accréditation (3-4 ans chacun). Cela représente donc une période de 6 à 7 ans. » Après, les hôpitaux doivent maintenir la même qualité: « Une fois que le niveau est atteint, il n’est pas indispensable de maintenir une accréditation en permanence. Certains hôpitaux gèrent la suite avec des équipes internes ou en partenariat avec d’autres hôpitaux pour assurer le suivi à long terme de la qualité. »
Au sein de l’institution, les médecins sont très attentifs à l’accréditation: « Ils sont bien conscients qu’un hôpital accrédité a une meilleure réputation… mais en même temps, les médecins ne sont pas toujours heureux de devoir remplir les procédures administratives qu’implique ce type d’accréditation. »
Ce numéro a été réalisé grâce au support de MSD.
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