Traitement du cancer: «La publication des outcomes peut aider les patients dans leurs décisions»
Lors du 4e European Cancer Forum, qui s’est tenu le 7 décembre à Bruxelles, un débat passionnant s’est engagé au cours de la session «Pull up the focus on early stage cancer».
«Nous devons faire en sorte que l’accès à des informations appropriées sur les patients soit plus rapide; un plan cancer européen s’impose; utilisons l’énorme flux d’informations de manière plus ciblée,…» sont quelques-unes des remarques entendues dans la salle.
Une remarque d’un cardiologue, lui-même atteint d’un cancer, s’est avérée représentative de l’état actuel de la situation pour le patient. Même en tant que professionnel hautement qualifié, il n’avait pas la moindre idée de ce qu’impliquait son cancer du sein. «Les informations que j’ai trouvées sur le site d’une organisation destinée aux patients m’ont été très utiles, car elles m’ont permis de mieux comprendre.»
Parmi le panel, Antonella Cardone, CEO de la jeune organisation Cancer Patients Europe, a réagi en déclarant qu’il fallait responsabiliser encore plus les professionnels «si même un cardiologue ne comprend pas ce dont parle l’oncologue».
Plus d’ouverture de la part des hôpitaux
Plus tôt, le Dr Klaus Feldmann, vice-président de MSD et directeur du marketing en oncologie EMEAC, avait déjà plaidé pour plus d’ouverture de la part des hôpitaux. «De nombreux hôpitaux publient déjà leurs résultats, leur taux de survie et leurs outcomes. Parfois, cette démarche est encore délicate, à cause de la concurrence. Mais en tant que patient, je préfère connaître les hôpitaux où la qualité des traitements est supérieure.» Tanja Spanic, membre du panel, a approuvé. Au nom du groupe de travail dédié à la défense des intérêts des patients au sein de l’organisation caritative Europa Donna, Tanja Spanic, qui se qualifie de «survivante du cancer», a encouragé à plus d’action afin de certifier les centres d’oncologie qui ont acquis une grande expertise.
Johan De Munter (European Oncology Nursing Society) a quant à lui souligné que la réussite d’un traitement du cancer varie fortement selon l’endroit où le patient est traité. En Belgique, cette différence s’élève à un facteur 20 en ce qui concerne le cancer du pancréas, contre un facteur 14 en Allemagne. «En tant que professionnels de la santé, nous devons avant tout collaborer. Les centres de référence peuvent également constituer une solution, grâce à leur expertise. La communication est extrêmement importante dans cette approche, mais en 1ère ligne aussi, le médecin généraliste et les soins communautaires ont un rôle à jouer. Le benchmarking stimule l’innovation et soutient les décisions en matière de santé, y compris pour les patients. Aujourd’hui, un patient reçoit parfois plus d’informations lors de l’achat d’une voiture que lors du traitement de son cancer.»
Des données comme base
Le pas vers le patient, à l’aide d’informations adaptées et de la health literacy, est en effet essentiel et a été illustré comme suit par le Dr Feldmann. «Selon la recherche, il existe une multitude de biomarqueurs, mais ils doivent être associés aux options thérapeutiques adéquates et ciblées. Pour ce faire, il est essentiel d’identifier des (groupes de) patients spécifiques. Les deux vont de pair.»
De très nombreux pays européens disposent néanmoins d’un plan cancer à l’heure actuelle. Mais pour Antonella Cardone, ce n’est pas suffisant. «Nous avons besoin d’une orientation commune, au moyen d’un plan cancer européen qui doit être appliqué. J’en attends une première évaluation en 2024. L’Europe utilise encore des silos budgétaires, car la santé est considérée comme un coût. Pourtant, il s’agit d’un investissement. Où le return on investment est-il concrètement visible? Telle est la question. Pensez ici aux répercussions sur le marché du travail, au système de sécurité sociale. Nous devons donc tenir compte aussi des économies indirectes.»
Le cancer n’est pas un arrêt de mort
Le Dr Klaus Feldmann a fait remarquer: «Il faut convaincre d’investir dans la base de données. Le cancer n’est pas un arrêt de mort. Je suis un scientifique et pour passer à l’action, je me base sur des données. Investissons davantage de manière collective dans la pratique clinique. Le diagnostic des patients atteints d’un cancer du poumon est souvent posé relativement tard. Il faut aussi que l’EMA (Agence européenne des médicaments) délivre plus rapidement les autorisations.»
Antonella Cardone a conclu dans le même sens: «Les nouveaux traitements innovants et les nouveaux outils diagnostiques sont sans valeur si nous ne pouvons pas les utiliser précocement. 90% de ces cancers ne peuvent alors pas être guéris. Nous devons collaborer avec le monde politique et les universités, particulièrement en ce qui concerne le cancer du poumon, qui représente le 1er cancer en Europe. D’autres cancers pourront suivre sur la base de cette méthode de travail.»
Ce numéro a été réalisé grâce au support de MSD. Son contenu reflète l’opinion des auteurs mais pas nécessairement celle de MSD.