Cancer: pourquoi le Chirec Cancer Institute a adopté l’oncologie integrative

November 16, 2022 time to read 4 min read

Le Chirec Cancer Institute (CCI), avec plus de 5.000 patients pris en charge chaque année, est le plus grand centre privé de cancérologie du pays. L’institut fut aussi un précurseur en adoptant l’oncologie intégrative à côté des traitements conventionnels. Rencontre avec le Pr Thierry Velu, responsable du CCI, et le Dr Ingrid Theunissen, qui nous expliquent l’intérêt de la discipline.

L’oncologie intégrative, disent-ils, a pour objectif d’améliorer la vie de patients atteints de cancer, en faisant appel aux médecines complémentaires, qui incluent divers soins tels que l’acupuncture, le yoga et l’hypnose. Certains étendent l’oncologie intégrative aux activités physiques1, aux soutiens psychologiques2 et aux recommandations diététiques2, dont les bénéfices ne sont plus à documenter ! La liste de ces soins est longue et des choix judicieux sont opérés pour chaque patient. Cette approche contribue à la qualité de vie des patients. Ainsi, elle diminue notamment le taux d’abandon3 thérapeutique et accroît les chances de succès. Dans le cancer du sein traité par hormonothérapie, par exemple, 31 à 73% des femmes arrêtent leur traitement avant la fin. Environ 60% des patients cancéreux font appel, en plus du traitement classique, à des thérapies complémentaires et les estiment efficaces4. Sous contrôle médical, l’Unité d’Oncologie Intégrative développée au CCI propose aux patients des soins fondés sur des données probantes («evidence-based medicine»): elle les protège contre une utilisation aberrante des thérapies complémentaires et contre le recours à des options à risque. L’oncologie intégrative ne se limite pas à la durée de prise en charge hospitalière: à Re-Source, la maison d’accompagnement du Chirec, le soutien aux patients continue dans le même esprit, que ces derniers soient suivis ou non au Chirec.

L’évaluation des soins proposés aux patients est basée sur deux critères. Le premier est la sécurité, notamment au regard des interactions médicamenteuses. Le second critère est l’efficacité, dans la perspective notamment d’un renforcement de l’adhésion au traitement conventionnel. Des études structurées5,6 montrent que la survie des patients est meilleure lorsqu’ils bénéficient de cette approche, en plus du traitement conventionnel. Certes, des études de confirmation restent cruciales, comme dans n’importe quel autre domaine de la médecine. Mais il n’est en aucun cas question, insistent lourdement les Drs Velu et Theunissen, de remplacer la prise en charge conventionnelle. Il s’agit de proposer une approche personnalisée et multidisciplinaire dans le cadre d’une médecine de précision qui doit rester humaine. Les oncologues ont l’habitude de la multidisciplinarité. Cela les rend ouverts à un usage raisonné et maîtrisé des médecines complémentaires. Ils y voient un objectif commun à tous les membres de l’équipe: favoriser la meilleure adhésion possible des patients à leur traitement, et améliorer leur qualité de vie. 

En pratique, une consultation intégrée dans la prise en charge multidisciplinaire et individualisée est proposée aux patients. Chacun est évalué individuellement et de manière très précise quant à ses propres besoins. Il y a des contre-indications à chaque méthode complémentaire. On ne peut pas, par exemple, prescrire une revalidation vigoureuse à un patient porteur de fractures métastatiques. On ne proposera pas non plus d’acupuncture à une personne atteinte de troubles de la coagulation…

L’idée d’inclure une Clinique en Médecine Intégrative dans les instituts du cancer est née au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center de New York dans les années 1990. Le MD Anderson Cancer Center de l’Université du Texas est très avancé aussi en oncologie intégrative. Tous les deux sont des centres très renommés internationalement en oncologie.

En plus d’une meilleure adhérence aux traitements conventionnels, un objectif de l’oncologie intégrative est d’améliorer la qualité de vie des patients. Des guidelines de recommandations «basées sur l’évidence» ont été publiés conjointement par la SIO (Society of Intégrative Oncology)7 et par l’ASCO (American Society of Clinical Oncology)8 en 2018 et plus récemment en 2022, pour diverses situations cliniques: