Dépistage du cancer du côlon: les esprits sont-ils mûrs dans les hôpitaux?

February 19, 2021 time to read 4 min read
Doctor holding a blue ribbon

Le mois international du cancer colorectal (également connu sous le nom de Mars Bleu) est à nos portes. Comment sensibiliser les hôpitaux à cette problématique? Où en sommes-nous aujourd’hui dans la lutte contre cette maladie? Le Dr Luc Colemont, de l’asbl Stop Darmkanker/Stop Cancer Côlon, était l’interlocuteur idéal pour répondre à ces questions.

La sensibilisation au cancer colorectal dans les hôpitaux a beaucoup progressé depuis quelques années. Il y a une décennie à peine, c’était pourtant encore loin d’être une évidence, se souvient le Dr Colemont. Avant même de lancer lui-même Stop Cancer Côlon, il avait déjà demandé au président du conseil d’administration du GZA Ziekenhuizen de mettre en place des initiatives dans ce domaine, pour sensibiliser en première instance son propre personnel hospitalier.

Il a également suggéré d’organiser un symposium thématique destiné aux généralistes, ce qui a été accepté à condition qu’il s’en occupe lui-même.

La sensibilisation du personnel fut une toute autre paire de manches. “À l’époque, en 2011, le test coûtait 5 euros par personne. J’ai pu calculer qu’environ 750 collaborateurs de l’hôpital étaient concernés (étant âgés de plus de 50 ans), ce qui représentait un budget d’un peu moins de 4.000 euros; on m’a répondu que c’était trop. On peut évidemment arguer qu’il y a une foule de journées et semaines thématiques à mettre à l’honneur… mais n’oublions tout de même pas que nous parlons ici d’une maladie à laquelle 1 personne sur 20 sera confrontée à un moment ou l’autre de sa vie, y compris dans nos équipes!

Plein d’idées

Entre-temps, les mentalités ont sensiblement évolué; Stop Cancer Côlon, notamment, est clairement venue changer la donne. L’asbl multiplie les initiatives originales et, sur ce plan, le Dr Colemont ne manque jamais d’idées. “Les actions organisées à l’hôpital ne demandent pas forcément un gros budget. À cette période de l’année encore relativement sombre, on peut par exemple braquer des spots bleus sur le bâtiment tout au long du mois de mars pour symboliser la lutte contre le cancer du côlon. Les gens vont se demander pourquoi, et de fil en aiguille, le problème va gagner en notoriété. C’est ce que fait depuis 3 ans la commune de Schelle en province d’Anvers en illuminant de bleu sa maison communale. On peut aussi par exemple épingler un ruban bleu sur la blouse blanche du personnel de santé. Avouez qu’on ne peut rêver plus beau contraste!

À ce jour, Stop Cancer Côlon est sans doute le meilleur exemple d’une initiative de sensibilisation réussie, en grande partie grâce aux réseaux sociaux: suivie par plus de 130.000 personnes sur Facebook, l’asbl a déjà organisé sur la plateforme plus de 40 séances “live”, toujours le mercredi à 17h.

Les hôpitaux intéressés peuvent également s’adresser à l’asbl pour obtenir du matériel d’information et de sensibilisation. “Nous avons nos propres brochures et dépliants, un tableau explicatif et même une BD. Il reste clairement du pain sur la planche. L’information et l’éducation sont les premiers pas dans la lutte contre le cancer du côlon… Et moi qui suis encore beaucoup sur le terrain, même si je garde actuellement surtout le contact par le biais de webinaires, je peux vous dire que de nombreuses personnes n’en connaissent même pas les bases.

Le cancer du côlon rajeunit

Ce que peuvent faire les hôpitaux? “Mieux faire prendre conscience au public des possibilités de dépistage. D’après une étude italienne, si les gens ne participent pas au screening, c’est avant tout parce qu’ils n’ont généralement pas conscience de son importance.

Le cancer colorectal touche aussi une population de plus en plus jeune, poursuit le gastroentérologue. Cette évolution est manifeste partout dans le monde… Mais quant à savoir si elle tient à l’alimentation, à l’immunité, à la pollution ou à la flore intestinale, cela reste jusqu’ici un mystère. La tendance n’est pas (encore) clairement perceptible dans les chiffres du gouvernement flamand, qui ne vont que jusqu’à 2014, mais le Dr Colemont n’en est pas moins convaincu qu’il pourrait être opportun d’abaisser l’âge du dépistage à 45 ans – un moment de la vie où un diagnostic précoce peut faire une énorme différence en termes de coûts et de souffrances humaines.

À ce stade, rares sont les pays à satisfaire aux critères européens, qui prévoient de proposer un screening aux personnes des deux sexes entre 50 et 74 ans… Et depuis l’an dernier, la Belgique en fait partie.

Le taux de participation reste par contre largement améliorable. En Flandre, où le dépistage de population a été lancé fin 2013 et est envoyé directement aux intéressés par la poste, il s’élève à 51,1%.

En Wallonie, où le dépistage existe depuis 2009, le taux de participation n’atteignait pas 20% en 2016. Précisons néanmoins que, pour le premier test, les personnes intéressées doivent d’abord se rendre chez leur médecin de famille; ce n’est qu’à partir de la deuxième fois que le kit peut leur être envoyé.

Le système est encore différent à Bruxelles, où le kit peut être obtenu en pharmacie depuis 2018. La coexistence de trois approches différentes dans un mouchoir de poche comme la Belgique ne fait évidemment rien pour améliorer l’organisation et l’enregistrement des tests. “Et j’ai bien du mal à expliquer le pourquoi de cette réalité au-delà de nos frontières“, soupire le médecin.

Ceci est une communication des laboratoires MSD.
Ce numéro a été réalisé grâce au support de MSD. Son contenu reflète l’opinion des auteurs mais pas nécessairement celle de MSD.

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